À quelques minutes à pied seulement du centre historique de Rennes, un nouveau lieu discret mais foisonnant a vu le jour au bord du canal Saint-Martin : la Longère des Prairies. Ce bâtiment restauré, niché dans le cadre verdoyant des Prairies Saint-Martin, allie patrimoine architectural, art contemporain et protection de la faune sauvage. Un concentré de nature et de culture qui incarne à merveille le virage écologique de la ville.
Ce que l’on appelle aujourd’hui la Longère n’en était pas une à l’origine. Il s’agissait de plusieurs maisons mitoyennes du début du XXe siècle, alignées le long du chemin de halage. Leur réhabilitation par la Ville de Rennes s’est faite dans un souci exemplaire de durabilité : isolation biosourcée, réemploi de matériaux anciens, toiture végétalisée et chaudière à bois. La façade rénovée, en schiste mauve – une roche locale autrefois transportée par péniche depuis Le Boël – donne au lieu une identité résolument rennaise.
La Longère accueille aujourd’hui deux structures aux missions aussi distinctes que complémentaires : l’association BASALT, dédiée aux arts sonores expérimentaux, et la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) Bretagne, qui élargit ici son action à toute la biodiversité.
Côté art, BASALT a transporté ses valises du Bon Accueil jusqu’à ce nouveau cabinet de curiosités. Dans la salle Daphne Oram – hommage à la pionnière britannique de la musique électronique –, le son dialogue avec l’image, avec des expositions immersives et des projets éducatifs où l’écoute devient une expérience sensible.
Côté nature, la LPO investit les lieux avec pragmatisme et poésie. En plus de ses bureaux, l’association a conçu un « Hôtel de la biodiversité » : 67 m² de combles aménagés pour accueillir martinets, chauves-souris et faucons crécerelles. Des animations pédagogiques sont proposées en extérieur pour ne pas déranger ces colocataires discrets. À l’arrière, un jardin écologique se développe avec une mare alimentée par les gouttières, des haies champêtres, des tas de bois pour les insectes, et même un hibernaculum pour les amphibiens. Le tout surveillé de près par Salix et Quercus, les deux ânes résidents.
L’ouverture de la Longère s’inscrit dans le projet global d’aménagement des Prairies Saint-Martin, cet écrin de verdure de 30 hectares devenu Espace naturel sensible (ENS) depuis juillet 2024. Le label ENS vise à concilier protection écologique et accès au public, dans une logique de cohabitation harmonieuse entre humains et faune sauvage.
Pour qui prend le temps d’y flâner, les Prairies offrent un paysage changeant de roselières, de prairies humides, de buttes ludiques et de berges animées, avec péniches, kiosques et petits bateaux. La Longère y apporte une dimension culturelle et pédagogique forte, qui fait le lien entre mémoire des lieux, innovations écologiques et arts vivants.
Photo de une : La longère par Arnaud Loubry pour Rennes métropole