Depuis avril 2025, la préfecture d’Ille-et-Vilaine a autorisé l’utilisation de drones par les forces de l’ordre pour surveiller plusieurs quartiers sensibles de Rennes dans le cadre de la lutte contre le trafic de stupéfiants. Cette mesure, d’abord présentée comme exceptionnelle et limitée à la période du 4 au 30 avril, vient d’être officiellement prolongée jusqu’à la fin du mois de mai.
Surveillance renforcée dans les quartiers du nord de Rennes
Les drones sont principalement déployés dans les secteurs de Maurepas-Bellangerais, Anatole-France-Beauregard et Villejean-Cleunay, zones identifiées comme des points de deal actifs. Ils permettent la captation d’images aériennes, à des fins de prévention et de lutte contre la délinquance organisée, et servent aussi à appuyer les opérations de police judiciaire.
Une mesure contestée… mais validée par la justice
Dès le début, cette initiative a suscité des inquiétudes. La Ligue des droits de l’Homme (LDH) a déposé un recours devant le tribunal administratif de Rennes, dénonçant une atteinte aux libertés fondamentales et l’absence de caractère réellement urgent ou proportionné.
Cependant, le tribunal a rejeté la requête, validant l’usage des drones au motif qu’il était « justifié par des nécessités impérieuses de sécurité publique » et « proportionné aux objectifs poursuivis ». Cette décision a été saluée par le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, qui a accusé la LDH de « faire le jeu des narcotrafiquants ».
Vers une banalisation des drones dans l’espace urbain ?
La prolongation de cette autorisation jusqu’au 31 mai 2025 pourrait préfigurer une intégration plus régulière des drones dans l’arsenal sécuritaire urbain. Si leur usage restait jusqu’alors cantonné à des contextes exceptionnels – événements sportifs, manifestations, opérations ponctuelles – leur emploi dans la lutte contre le trafic de drogue pourrait devenir structurel, à Rennes comme ailleurs.
Cette surveillance technologique s’inscrit dans une stratégie plus large de reconquête républicaine des quartiers, amorcée par les autorités locales et nationales, dans un contexte où les violences liées au narcotrafic ont connu une recrudescence, y compris à Rennes, ville jusqu’ici relativement préservée.
Un équilibre délicat entre sécurité et libertés
Le débat reste ouvert entre partisans d’un renforcement des outils technologiques pour garantir la sécurité, et défenseurs des libertés publiques inquiets d’une généralisation de la surveillance dans l’espace public.
À Rennes, les habitants eux-mêmes sont partagés : certains saluent une réponse ferme face à l’insécurité croissante, d’autres redoutent une dérive vers une société de contrôle. Mais on constate depuis quelques semaines une nette augmentation des voix en faveur de la surveillance pour faire suite à une chute alarmante des conditions de vie en sécurité à Rennes.
Les zones concernées sont :
- Maurepas – Bellangerais : Situé au nord-est de Rennes, ce quartier comprend les sous-quartiers de Maurepas, Bellangerais et Patton. Il est caractérisé par une forte densité résidentielle et est identifié comme un secteur sensible en raison de la présence de points de deal.
- Anatole-France – Beauregard : Localisé au nord-ouest, ce secteur englobe le quartier de Beauregard et ses environs. Beauregard est un quartier en développement, avec une mixité de logements et d’équipements publics.
- Villejean – Cleunay : Ce secteur s’étend du nord-ouest (Villejean) au sud-ouest (Cleunay) de Rennes. Villejean est un quartier populaire avec une importante population étudiante, tandis que Cleunay est en pleine mutation urbaine.
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