La patinoire Le Blizz, située dans le quartier des Gayeulles à Rennes, fait de nouveau l’objet de vifs débats municipaux. Lors du conseil du 19 mai 2025, le conseiller municipal Charles Compagnon, président du groupe Libres d’Agir pour Rennes, a vivement critiqué la fermeture prolongée de l’équipement durant l’été, et l’évolution de son usage. Il y voit une mesure annonciatrice d’un abandon progressif des sports de glace dans la capitale bretonne. Écologie, gestion énergétique ou disparition programmée ?
Ce que prévoit la majorité municipale
Un avenant à la convention de délégation de service public encadrant la gestion de la patinoire est actuellement à l’étude. Il vise à modifier les conditions de fermeture estivale, en allongeant la durée de la pause de la glace et en remplaçant certaines activités sportives hivernales par des animations estivales, telles que le roller, déjà expérimenté les années précédentes. Ce changement s’inscrit dans une logique plus large de sobriété énergétique et de réaffectation saisonnière des équipements municipaux. La fermeture de la glace en période de fortes chaleurs permettrait, selon la Ville, de réduire significativement la consommation électrique et de limiter l’empreinte carbone d’un équipement jugé énergivore.
Les critiques de l’opposition de droite
Charles Compagnon dénonce dans cette décision une forme d’écologie punitive :
« Le groupe écologiste s’est exprimé très clairement et encore récemment pour la fermeture de la patinoire et la fin des activités de glace à Rennes. Et après, vous allez me dire qu’il ne faut pas parler d’écologie punitive ? Et pourtant, en fermant la patinoire vous allez punir des enfants, des jeunes, des parents et des spectateurs qui aiment ou qui pratiquent les sports de glace et punir les habitants d’un quartier.
Pourquoi ? Parce que cela serait un non-sens écologique de pratiquer des sports de glace à Rennes. Lorsqu’on veut tuer son chien, on dit qu’il a la rage. Voici un dicton populaire qui convient parfaitement à ce dossier.
La patinoire de Rennes n’est pas plus consommatrice en énergie et par nombre de pratiquant qu’une piscine. Alors demain, une fois que vous aurez fermé définitivement la patinoire, allez-vous proposer de fermer les piscines de Rennes ?«
Pour lui, la fermeture estivale est le symptôme d’un désengagement progressif de la Ville vis-à-vis des sports de glace. Il accuse les élus écologistes de vouloir supprimer l’équipement à moyen terme par une série de mesures indirectes :
- Suppression de la glace en été puis en septembre (période de rentrée sportive)
- Baisse des inscriptions, frein à la performance des clubs
- Promotion active du roller comme alternative
- Stratégie d’usure conduisant à la fermeture définitive
Il critique également une incohérence dans le traitement entre la patinoire et d’autres équipements, comme les piscines, tout aussi énergivores. Il propose d’explorer des solutions techniques comme la récupération de chaleur pour chauffer une piscine adjacente.
Les arguments implicites de la majorité
Bien que la majorité ne se soit pas exprimée directement dans cette intervention, plusieurs éléments expliquent sa position :
- Conformité aux engagements de neutralité carbone de la Ville
- Coût élevé et impact environnemental de la glace en été
- Fréquentation moindre de la patinoire durant la saison chaude
- Succès populaire des activités estivales de substitution (roller)
Dans cette optique, la fermeture partielle est présentée comme un ajustement rationnel et non une mesure idéologique.
Vérification de la consommation énergétique : patinoire versus piscine
Selon une étude de l’Observatoire français de la transition écologique, une patinoire consomme en moyenne 2,5 fois plus d’énergie qu’une piscine et 17 fois plus qu’un gymnase. La patinoire Le Blizz est ainsi identifiée comme l’un des équipements les plus énergivores de Rennes, avec une consommation annuelle équivalente à celle d’environ 3 000 habitants.
Un débat sur la vision de la ville
Ce dossier devient un emblème d’un affrontement politique et culturel à Rennes :
- Une opposition qui défend une ville de sports et loisirs accessibles à tous et dénonce la réduction d’offre sportive sous prétexte d’écologie.
- Une majorité qui redéploie quelques services publics en accord avec des pratiques jugées plus durables.
En toile de fond se jouent l’évolution des politiques sportives urbaines, la définition des usages légitimes de l’espace public, et le rôle des élus dans l’arbitrage entre transition écologique et plaisir populaire…