Depuis 2019, la chorale rennaise Jester Sprites a développé un répertoire dédié… aux musiques de jeux vidéo ! Rencontre.
C’est une chorale originale qu’a découvert Unidivers alors qu’une de ses journalistes assistait en toute innocence au concert exclusif « New Sprites Band Ultimate » aux Ateliers du vent, en avril dernier, dans le cadre des jeudis de la buvette. Le radar toujours en veille, elle a ouvert ses écoutilles alors qu’une chorale a attisé sa curiosité : sur scène, Jester Sprites a emporté le public avec bonne humeur dans son univers peuplé de lutins farceurs venus entonner des chants de jeux vidéos.

Jester Sprites n’est pas une chorale de personnes professionnelles, elle réunit des passionnés de musiques de jeux-vidéos qui chantent ensemble pour le plaisir de partager une passion commune. Elle est l’initiative de Karine Miriel, aujourd’hui vice-présidente de l’association, et Isabelle Marsac, cheffe de chœur depuis la création. « J’étais dans une chorale à Paris, déjà dans cet esprit pop culture : musiques d’animé japonais, séries, jeux vidéos », déclare Karine Miriel. « Quand je suis arrivée à Rennes j’ai eu envie de créer un projet équivalent, en me concentrant sur le répertoire musical du jeu vidéo. » Début 2019, elle rencontre Isabelle, en musicologie et qui dirigeait déjà la chorale universitaire de Rennes, au bar à jeux L’heure du jeu et ensemble elles fondent la chorale en fin d’année. « Je voulais donner la possibilité de chanter à tout niveau dans un registre actuel », précise Karine. Isabelle ajoute : « Ce sont des musiques qu’on a envie de chanter quand on les connaît, mais il n’y a pas tellement d’espaces pour ça, surtout quand on n’a jamais fait de musique avant. »
La chorale a recruté ses lutins grâce au bouche à oreilles. La cheffe de chœur était dans l’association Breizh Mah Jong, un jeu traditionnel chinois, et a notamment recruté Alexis, joueur de jeux vidéos, mais pas plus chanteur que cela : « Mon grand frère a voulu monter un groupe et répétait régulièrement dans une maison en région parisienne. J’y suis allé une fois et ils m’ont proposé de chanter « Creep » de Radiohead. Quand ils m’ont fait écouter l’enregistrement, j’ai détesté », confie-t-il. « Écouter les enregistrements de la chorale ne me fait pas du tout le même effet, on est nombreux, on se fond dans l’ensemble musical. » Babelle, elle, n’est pas joueuse. Elle cherchait à renouveler son répertoire et a rejoint la joyeuse troupe pour l’ambiance. « C’est super qu’elle se soit sentie bien intégrée dans la communauté. »

La formation compte actuellement une vingtaine de choristes, tout niveau confondu. « Il y a autant de personnes qui savent lire la musique que de personnes qui ne le savent pas », précise Karine. Jester Sprites est intergénérationnelle, autant dans le public qu’elle ramène que dans les membres eux-mêmes.
Son répertoire de musique vidéoludique se construit en fonction des possibilités d’arrangement des musiques et des capacités de chant. « Il existe peu de partitions pour ce genre de musique, encore moins pour chœur », informe Isabelle. « Il faut écouter la mélodie ou trouver des partitions pour d’autres instruments, la répartir entre les voix pour que je sois agréable et facile à chanter, qu’il y ait une jolie harmonie. » Les choix de musiques se font de manière collégiale. « Je demande souvent aux membres quelles musiques ils aimeraient interpréter . Puis je fais le tri entre ce qu’il est possible de chanter et ce dont je ne suis pas en capacité d’arranger », explique-t-elle. Alexis ajoute : « On peut aussi lui mettre des musiques dans la tête à force de les fredonner », s’amuse-t-il. « Comme Kirby. »
Parmi les musiques, on retrouve le thème épique de Skyrim, le mignon d’Animal Crossing, les musiques de Pokémon, ou encore Baba Yetu de Civilization 4 qui existent pour la chorale. « Les chansons qui ressortent sont souvent celles issues des jeux vidéos joués par les choristes. » Elle commence aussi à regarder du côté de Zelda et Mario bien qu’à l’initiale, les choristes voulaient éviter les musiques trop connues.
Si Jester Sprites a déjà participé à plusieurs événements rennais et aux alentours, notamment en collaboration plusieurs avec la fanfare Pixel Bass Band, elle devrait se produire à la médiathèque à Saint-Vincent des Landes en octobre 2025. Karine souhaite aussi mettre en place une collaboration avec une association de bandes dessinées amateur afin de proposer un concert dessiné dans un lieu culturel rennais.