Rennes. Nouvelle fusillade à Villejean : deux jeunes blessés, trois hommes interpellés

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Une nouvelle fusillade a éclaté samedi 3 mai en fin d’après-midi dans le quartier de Villejean, à Rennes, faisant deux blessés par balles. Selon les premiers éléments communiqués par les autorités, trois hommes ont été interpellés peu après les faits.

Quatorze coups de feu en plein jour

Des tirs ont retenti à 18h30 sur la dalle Kennedy, près du Subway. Selon plusieurs témoins, jusqu’à quatorze coups de feu auraient été tirés. La scène s’est déroulée sous les yeux de passants médusés et de familles qui fréquentaient les commerces de proximité. Très rapidement, les secours ont pris en charge deux jeunes hommes grièvement blessés, âgés de 16 et 17 ans, tous deux touchés par balles, et les ont transportés au CHU de Rennes. L’un d’eux se trouve dans un état préoccupant. Trois suspects ont été interpellés dans les heures qui ont suivi, et placés en garde à vue. Leur lien avec les victimes ou leur appartenance à un réseau structuré reste à établir.

Un quartier en tension permanente

Cette fusillade n’est pas un fait isolé. Depuis plusieurs mois, le quartier de Villejean, historiquement populaire et étudiant, est confronté à une montée continue des violences liées aux rivalités entre bandes pour le contrôle des points de deal. En janvier déjà, une fusillade avait éclaté à proximité, dans le secteur de la station de métro Kennedy. Depuis, plusieurs incidents graves ont été recensés, sans que les habitants ne perçoivent de changement significatif en matière de sécurité.

Une dynamique criminelle bien installée

La violence observée à Villejean s’inscrit dans une recomposition locale du marché de la drogue. À l’instar de ce qui a été documenté à Nantes, Toulouse ou Lyon, plusieurs groupes rivaux se disputent désormais la mainmise sur des lieux stratégiques. La dalle Kennedy, à la croisée de l’université Rennes 2, de logements sociaux et d’un centre commercial, constitue un territoire à fort potentiel lucratif. Les “nourrices”, les guetteurs et les vendeurs s’y relaient en toute discrétion apparente, jusqu’à ce que surviennent des épisodes d’affrontement à l’arme lourde.

La CRS 82

Afin d’assurer la sécurisation du quartier, une unité de force mobile spécialisée dans les interventions en zone urbaine (CRS 82) a été mobilisée dès hier soir, samedi 03 mai, en soutien aux effectifs locaux déployés dans le quartier de Villejean. Ce dispositif sera reconduit au moins pour ce dimanche 04 mai.

La CRS 82 est une unité mobile à projection rapide mobilisable en moins de 30 minutes, jour et nuit, toute l’année. Elle a comme mission le maintien de l’ordre, la lutte contre les violences urbaines et l’assistance aux effectifs de police. Véritable force de frappe, elle apporte un soutien crucial lors de ce type d’événement.

Entre peur et résilience des habitants

Malgré cette atmosphère pesante, la majorité des habitants de Villejean rejettent la violence et souhaitent avant tout retrouver la sérénité dans leur quartier. Plusieurs collectifs de riverains, d’associations et d’éducateurs de rue tentent de retisser du lien, notamment autour des jeunes les plus exposés. Mais ils déplorent un manque de moyens structurels, et une réponse institutionnelle jugée trop lente.

« C’est un quartier avec une vraie âme, une vraie histoire. Mais aujourd’hui, on vit avec la peur », témoigne une commerçante installée depuis 17 ans sur la dalle. « On ne veut pas que Villejean soit réduit à ça. »

Une situation devenue emblématique

Ce nouvel épisode de violence relance le débat plus large sur la sécurité dans les grandes villes françaises, où les effets de la guerre des stupéfiants se font de plus en plus visibles. À Rennes, longtemps perçue comme une ville relativement épargnée, le basculement semble désormais acté. Le quartier de Villejean, comme le Blosne ou Maurepas, en est aujourd’hui l’un des épicentres. L’enquête, menée par la police judiciaire de Rennes, devra déterminer le mobile précis de la fusillade, l’origine des armes utilisées, et l’éventuelle préméditation de l’attaque. D’autres interpellations pourraient suivre dans les jours à venir.

Mise à jour dimacnce 4 mai à midi : Communiqué de Lénaïc Brièro, adjointe déléguée à la sécurité

Le nouvel épisode de règlement de comptes entre narcotrafiquants, dans le secteur de la dalle Kennedy, est particulièrement glaçant et révoltant. Les habitants de Villejean sont très durement éprouvés. Comme l’ensemble des citoyens de notre pays, ils doivent être protégés contre les trafiquants de drogue et leurs méthodes ultraviolentes.

Je salue le courage et la détermination des agents de la Direction interdépartementale de la Police nationale, dont l’intervention immédiate a permis l’interpellation des auteurs présumés des tirs. Tout comme le travail d’enquête mené sous la responsabilité du Procureur, qui resserre l’étau autour des narcotrafiquants et montre qu’il n’y aura aucune impunité pour les criminels.

Malgré cette mobilisation exemplaire des effectifs locaux de la police et de la justice, cette nouvelle fusillade n’a pas pu être évitée. Cela suscite une incompréhension légitime et soulève, une fois de plus, la question des moyens affectés par l’Etat à la lutte contre les narcotrafiquants et à la protection des habitants de notre ville.

En complément du travail des enquêteurs, la présence dissuasive de forces de police, notamment d’unités mobiles, sur le terrain, pour empêcher les malfaiteurs d’agir, a démontré son efficacité. Il y a deux semaines, le Ministre de l’Intérieur avait garanti que la CRS 82 resterait sur place aussi longtemps que nécessaire. À la lumière des derniers événements, il est primordial que notre ville soit dotée de renforts importants, et de manière durable. Cela fait des mois que nous interpellons l’Etat à tous les niveaux, avec Madame la Maire, pour réclamer ces moyens indispensables. Nous devons être entendues.

Communiqué de Lénaïc Brièro, adjointe déléguée à la sécurité