Violences en manifestation à Rennes : un policier de la CRS 8 condamné, un manifestant aussi

manifestation rennes

Rennes, 15 avril 2023, au lendemain de la validation de la réforme des retraites par le Conseil constitutionnel. Dans les rues du centre-ville, une manifestation dégénère. Jets de projectiles, voitures incendiées, interpellations sous tension. Parmi les forces mobilisées : la redoutée CRS 8. Près d’un an plus tard, la justice tranche.

Ce mardi 24 juin 2025, le tribunal correctionnel de Rennes a condamné un policier de la CRS 8 à sept mois de prison avec sursis pour violences volontaires sur un manifestant. Les faits sont clairs : dans la soirée du 15 avril, alors que le manifestant est menotté dans un fourgon, le fonctionnaire lui assène un coup de poing au visage, avant de le gazer à bout portant avec une bombe lacrymogène. La scène, captée par une vidéo amateur, a été jugée « totalement disproportionnée » par le tribunal.

Âgé de 38 ans, le policier devra verser 1 000 € de dommages et intérêts au manifestant, ainsi que 700 € au titre des frais de justice. Son avocat a évoqué une « perte de sang-froid regrettable », mais le tribunal n’a pas retenu la légitime défense. Le parquet avait requis huit mois avec sursis et l’interdiction de port d’arme — cette dernière n’a pas été prononcée.

La vidéo, élément central du dossier, a été filmée par un riverain depuis une fenêtre. Largement relayée sur les réseaux sociaux, elle montre une interpellation brutale dans une rue étroite, puis une scène de violence dans le fourgon. Sans ces images, admet l’avocat de la victime, « il n’y aurait eu aucune preuve, et donc pas de justice ».

Le manifestant lui-même, âgé de 34 ans, n’a pas échappé aux poursuites. Jugé pour outrage et rébellion, il a écopé de trois mois de prison avec sursis et devra s’acquitter d’une amende de 650 €. Il contestait s’être rebellé, mais les témoignages des agents ont été jugés crédibles.

Un second policier, poursuivi pour avoir frappé une journaliste lors de la même manifestation, a quant à lui été relaxé. Aucun témoin direct, aucune plainte formelle, et les éléments à charge n’ont pas suffi à établir la matérialité des faits.

« C’est rare qu’un policier soit condamné pour des violences en manifestation. Encore plus rare que cela se fasse sur la base d’une vidéo citoyenne », commente un observateur du procès. À Rennes, le climat autour du maintien de l’ordre reste tendu, et cette décision vient ajouter une pierre de plus dans le débat sur les violences policières, alors même que la CRS 8 fait régulièrement l’objet de critiques pour ses interventions musclées.

Le policier condamné n’a pas encore indiqué s’il comptait faire appel. Mais pour la victime, cette décision est déjà « un soulagement ». Même partielle, la reconnaissance par la justice d’un usage illégitime de la force envoie un signal : la violence légitime doit rester proportionnée dans son exercice afin de rester… légitime.